NetWar: La guerre (asymetrique) qui ne dit pas son nom [FR]
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Tuesday, August 17, 2004La guerre (asymetrique) qui ne dit pas son nom [FR]La guerre entre le terrorisme jihadiste et les démocraties ne fait que commencer. Ou plutôt, disons qu’elle se trouve encore à sa toute première phase. Les attentats de septembre 2001 contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington ont marqué un climax mondial et aussi, de la part des élites du monde démocratique, le début du processus d’acceptation du fait d’être en guerre. Mais quelle drôle de guerre ! Non seulement ne sommes-nous pas tout à fait surs de qui est l’ennemi mais, encore plus surprenant, il se trouve encore un nombre considérable d’hommes politiques, de journalistes et de membres de la société civile qui nient, par moments farouchement, que nous soyons en guerre du tout.
Or, oui, la déclaration de guerre eut bien lieu, tout officiellement, en 1998, lorsque un certain Osama bin Laden annonça, dans un arabe fleuri, « Depuis plus de sept ans, les Etats-Unis occupent les terres de l’Islam, sur le plus sacré de nos territoires, l’Arabie, pillant ses richesses, accablant ses dirigeants, humiliant son peuple, menaçant ses voisins, et utilisant ses bases, dans la péninsule, comme fer de lance pour lutter contre les peuples islamiques voisins. » En vertu de quoi, « tuer des américains et leurs alliés, tant civils que militaires, est une obligation individuelle pour tout musulman qui le peut, dans tout pays où c’est possible, jusqu’à ce que la mosquée Aqsa et la mosquée Haram soient délivrées de leur étreinte, et jusqu’à ce que leurs armées, fracassées et les ailes brisées, quittent les pays d’Islam, et soient incapables de menacer un musulman. » Ah, mais c’est seulement aux américains qu’il en veut ! diront des âmes bien pensantes. Non, pas seulement. Il proclame aussi le droit et le devoir des musulmans de tuer les alliés des américains. Et, en bon stratège, il se réserve le droit de définir quel type de lien avec les américains peut être considéré une alliance, même si l’allié en question n’en est pas conscient. Au fait, la déclaration est signée par un Front islamique mondial pour le Jihad contre les Juifs et les Croisés. C’était voilà six ans… Qui est un juif pour ce monsieur? Qui un croisé? Un premier exemple d’asymétrie. Des individus cagoulés et armés jusqu’aux dents tiennent un pauvre homme effaré devant un caméra. L’un d’eux lui aboie de dire son nom et de bien tenir son passeport devant la poitrine. Le prisonnier dit : « Je m’appelle Untel et suis citoyen de tel pays ». L’un des cagoulés sort un énorme couteau et coupe la tête d’Untel pendant que des cris en off proclament la grandeur de Dieu. Le journal Le Monde titre l’information : « Un citoyen de tel pays exécuté par la résistance iraquienne » En tout il s’agit de vingt lignes terses et lointaines. Peut-être manquent-ils d’espace parce, à côté ils ont un article à trois colonnes où des juristes (par exemple) parisiens s’indignent, ô combien ! à propos des conditions de détention dégradantes infligés aux prisonniers de Guantanamo. Et moi, pendant un dîner très agréable, je demande à une amie juriste (parisienne) si elle pense que l’homicide dont a été victime Untel peut être appelé « exécution ». Elle me répond que, sans doute, oui, « puisqu’il a lieu par la décision d’une organisation ». Je rétorque que, si cela est vrai, lorsqu’une personne se fait tuer par la Mafia en Sicile, cela mériterait aussi l’appellatif d’exécution…. Silence, gorgée de vin, regard incomode, parlons de Michael Moore. En aucun cas serait-ce un assassinat. Bon, je crois qu'ici, dans ce lien, il y a un cas très à propos... [à suivre]
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